L’homosexualité et l’extinction de l’Humanité


Beaucoup d’homophobes le sont au point de vouloir nous exterminer – les homosexuel·les. Enfin, que ce soit par la mort ou la « rééducation », en tous cas faire en sorte que l’homosexualité ne soit plus. Pour cela ils ont des justifications. Et nous allons ici étudier la suivante : L’homosexualité nous mènerait vers la fin de l’Humanité.

Le Grand Remplacement.

Cette peur s’appuie sur le sentiment que de plus en plus de personnes seraient homosexuelles et que cela pourrait rendre l’hétérosexualité minoritaire voire marginale sinon un souvenir du passé. En effet, des études montrent que de plus en plus de personnes déclarent ne pas être hétérosexuelle. Elles étaient 4.1% en France en 1992 et 8.1% en 2019. Mais rappelons nous aussi que l’homosexualité est également moins réprimée aujourd’hui qu’il y a quelques décennies, du moins en France et que nous nous sentons globalement un peu moins en insécurité et alors plus à l’aise de dévoiler notre statut. Ainsi, les chiffres des sociologues montrent plutôt qu’il est plus facile pour nous de nous dévoiler à des enquêteurices qu’autre fois, mais il ne disent rien de la part d’entre nous qui restait cachée.

Cette peur de remplacement, qui nous rappelle une théorie du complot démographique raciste, est d’ailleurs très prématurée puisque cela laisse, en 2019 toujours, 88,3% de personnes se déclarant hétérosexuelles. L’hétérosexualité reste tout à fait hégémonique autant dans la culture que démographiquement. De là à imaginer que nous – homosexuel·les – deviendrions bientôt majoritaire est tout à fait illusoire. Ainsi, en imaginant que l’homosexualité soit peut-être une menace pour l’Humanité, est-il vraiment nécessaire d’employer des moyens d’extermination envers une population si marginale ?

Le gaspillage de l’Énergie Reproductrice.

Pour appuyer leur volonté de nous exterminer, par la mort physique ou sociale, ou de nous empêcher de diffuser notre propagande et de militer pour nos liberté et la diffusion de celles-ci à toute la société, l’argument du remplacement n’est pas suffisant pour convaincre le wokistan, non, il faut évoquer une peur plus profonde, universelle. La Fin de l’Humanité. L’équation est simple. Les homosexuel·les sont incapables de se reproduire. Si tout le monde devient homosexuel·le, alors l’Humanité s’éteindra faute de reproduction. Mais cette réflexion est fausse et à plusieurs niveaux.

Pour commencer il est nécessaire d’adresser que l’utilisation de cet argument dans une conversation doit éveiller chez nous une attention particulière. En effet, en utilisant ce dernier, l’interlocuteurice force dans la conversation et sans les dire explicitement, des idées qu’il est nécessaires de réfuter malgré qu’elles ne soit pas prononcées.

Premièrement, dire que nous sommes incapables de nous reproduire force sournoisement à considérer l’homosexualité dans un cadre de singerie de l’hétérosexualité en couple fidèle. Attention à ne pas accepter ce présupposé. Il est nécessaire de rappeler le caractère révolutionnaire de l’homosexualité dans son approche à la structuration de la société. Nous ne souhaitons pas reproduire le modèle hétérosexuel de la famille nucléaire hiérarchique et autoritaire, seule détentrice par la parentalité du devoir-droit d’éducation de l’enfant et du droit de propriété sur ce dernier. Nous souhaitons une société nouvelle dans laquelle la famille, la hiérarchie, la propriété parentale ne sont plus ; dans laquelle les enfants n’appartiennent à personne d’autre qu’à la communauté qui, dans son entièreté, est responsable de leur survie, de leur bien-être, leur bonne éducation.

Deuxièmement, cet argument essaie de nous forcer à penser dans un modèle dans lequel à la fois l’homosexualité serait une question d’organes génitaux ; les homosexuel·les seraient allergiques à « l’autre » organe génital ; et la seule manière de procréer est la pénétration phallovaginale. Or, non-seulement la PMA existe, mais le don de sperme de gays à lesbiennes existe depuis tant qu’il n’est pas possible de le dater. Quant à notre rapport à l’autre organe génital, il n’est pas allergique, et s’il était plus facile de pratiquer le coït phallovaginal dans un but utilitariste de la procréation, rien ne nous en empêcherait et, encore une fois, cela a déjà été pratiqué et il le sera encore. Enfin, l’homosexualité est une question de sexe(définition) mais pas d’organe génitaux et il y a là une grande différence malgré ce que répètent à tue-tête les libéraux ou les mal-renseigné·es sur le féminisme. L’homosexualité est avant tout une relation différente avec le sexe comme défini dans notre vocabulaire. Particulièrement dans un monde dans lequel l’homosexualité serait hégémonique, il ne s’agirait plus de savoir qui est homme ou femme mais si les agents de la relation se discriminent(définition) ou non. De plus, mais rapidement sans vouloir en faire un token, n’oublions pas que le genre qu’incarnent nos camarades trans est légitime et que, malgré tout, ces derniers peuvent donc avoir des organes génitaux qui contredisent la définition normale du sexe.

Ainsi, cet argument est mal renseigné sur ce qu’est l’homosexualité et donne peu envie de s’intéresser à la conversation. Ne nous imaginant qu’en couples fidèles à l’autre et aux normes hétérosexuelles en dehors du coït, il est est aveugle à nous voir capable de construire un monde dans lequel l’homosexualité serait hégémonique et la procréation serait détaché de concept de famille qui, de toute façon, n’existerait plus. Un monde homosexuel durable est possible.

Enfin, n’oublions pas qu’à termes, en cas d’hégémonie de l’homosexualité, étape importante d’un projet révolutionnaire queer, nous serions dans les conditions parfaites pour remplir notre objectif final, abolir la notion de sexe. Et alors, la question de savoir si les homosexuel·les, catégorie que nous aurions alors rendue également caduque, serions capable de nous reproduire dans les conditions que s’imagine les hétéros perd tout son sens. Oui, les êtres Humains, sans se discriminer, unis comme un seul peuple dont les différences physiologiques n’affectent ni les droits ni la nature de leurs relations sociales et économiques, sont capables de se reproduire.

l’Aliénation à la Bourgeoisie.

Mais tout de même, il reste une idée qui est encrée dans cet argumentaire qui n’a pas encore été adressée et qui pourtant pourrait faire débat. Reprocher aux homosexuel·les de ne pas pouvoir reproduire l’espèce, c’est considérer que l’espèce est une notion à protéger. Cela est discutable. Pour cela, oublions les arguments présentés précédemment.

Préférons nous le malheurs et l’hétérosexualité sur des générations ou plutôt le bonheur et l’homosexualité aujourd’hui jusqu’à la mort ?
Pédale Révolutionnaire plaide le bonheur de l’homosexualité. Alors pourquoi se résigner à l’hétérosexualité au prétexte de la reproduction de l’espèce. Qui à intérêt à la reproduction de l’espèce en tant que tel ? Il n’est pas dit « qui à intérêt à faire des enfants ? », non. Qui considère la continuation de l’Humanité comme une nécessité absolue, supérieur au bonheur des individus ? Ça ne peut être une volonté purement individuelle, égoïste, car, chaque individu est voué à la mort, et une fois enterré, la continuation ou non de l’Humanité n’affecte en rien notre sort et sa fatalité. Ainsi, si nous étions aujourd’hui les plus heureuxes du monde, peut-être ne ferions-nous même pas d’enfant : à quoi bon prendre le risque de réintroduire le malheur et la douleur dans un monde qui l’a éradiqué ? Si nous continuons à nous reproduire, c’est bien parce que nous ne sommes pas les plus heureuxes du monde. Certain·es recherche le bonheur dans la parentalité, d’autres espèrent simplement que leur descendance soit plus heureuse qu’elleux l’ont été. Mais dans tous les cas, c’est la recherche d’un bonheur absent qui est l’explication de nos procréations volontaires.

Or, l’inquiétude des hétéro qui nous réprime sous le prétexte de l’extinction de l’Humanité ne porte pas sur notre incapacité à combler notre déficit de bonheur par la procréation. Elle porte sur notre responsabilité dans l’extinction de l’Humanité en elle-même. Il faut que continue l’Humanité à tout prix.

Alors ? À qui cette inquiétude profite-t-elle ? Ne tournons pas autour du pot.
Seule la Bourgeoise à pour intérêt absolue la continuation de l’espèce Humaine. La Bourgeoisie comme classe sociale.

D’abord, la Bourgeoisie a besoin de transmettre ses capitaux à sa descendance pour assurer son propre avenir en tant que classe sociale, préserver son pouvoir. Aussi, la Bourgeoisie comme classe sociale, maîtresse du Capitalisme, a besoin de renouveler sa ressource la plus précieuse : le prolétariat. C’est la raison pour laquelle elle fait de la procréation un devoir moral de la famille.

Ainsi, l’hétéro-flic(définition) se faisant défenseur de l’espèce Humaine, pourtant souvent prolétaire lui-même, ne se rend pas compte de son aliénation à l’idéologie bourgeoise qui ne le considère alors que comme une ressource à exploiter sans modération, comme toutes les autres. En tant que révolutionnaires, nous devons donc nous défaire du présupposé que l’espèce Humaine est en elle-même une catégorie à entretenir. Notre objectif, parce que nous sommes individualistes, est le bonheur, la liberté et l’égalité pour chacun·es, et les structures sociales que nous construiront n’existeront que pour servir cet objectif et aucun autre.

Ne laissons jamais l’hétérosexualité, outil de la Bourgeoisie, nous donner des leçons concernant le monde que nous voulons faire advenir.


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