Michel Barnier Premier Ministre : La Gauche n’est pas à la hauteur


À moins de s’être laissé aller dans le discours mensonger des leaders du Nouveau Front Populaire (NFP) voulant faire croire à ses sympathisant·es que la coalition aurait « remporté les élections », alors que, selon le clivage gauche/droite, elle n’atteint même pas une majorité relative avec seulement 195 sièges à l’Assemblée Nationale, la nomination par le Président de la République de Michel Barnier, membre du parti Les Républicains (LR), au poste de Premier Ministre était évidente. Non pas que le nom de Michel Barnier était attendu, puisqu’en réalité personne ne sait qui il est, et ça n’a d’ailleurs aucune importance, mais, comme analysé dans le billet de blog du 8 Juillet, selon, encore une fois, un clivage gauche/droite classique, le Président de la République Emmanuel Macron, grand chef de la Droite, avait pour mission de nommer à la tête de son nouveau gouvernement une figure capable d’unir toutes les composantes de cette grande famille allant du Mouvement Démocrate (MoDem) au Rassemblement National (FN). Il était alors attendu une figure à la droite d’Emmanuel Macron, compatible avec son néolibéralisme, son autoritarisme, mais également avec les obsessions ultraconservatrices et fascistes du FN.

Le Nouveau Front Populaire et l’apathie politique.

Cette nomination arrive 51 jours après la démission du gouvernement précédent. Les raisons exactes de cette attente ne sont pas évidente. La difficulté à trouver une figure qui rassemble les trois qualité d’accepter de se soumettre à l’autocratisme du Président de la République, de satisfaire le capitalisme néolibéral et de convaincre l’extrême droite parlementaire doit avoir joué un rôle. Cela aura laissé à la gauche plus d’un mois et demi pour trouver une riposte. Mais la stratégie adopté par les leaders du NFP signait, dès son adoption, l’échec de la Gauche.

Le NFP, faisant croire à sa victoire, s’est mis en tête de trouver, de son côté, une figure à proposer tout à fait sérieusement au poste de Premier Ministre. Le sérieux de la tâche aura demandé deux semaine de concentration et de négociations entre les partis membres. Deux semaines qui ont laissé le temps à l’élan de mobilisation observé le soir du 7 Juillet de s’essouffler, de pourrir, et de nourrir les sols asséchés par l’été pour nous donner de belles tomates bien rouges. Entre temps, pas de grève, pas d’action, pas de mobilisation, pas de manifestation. Les Groupes d’Actions de la France Insoumise (FI) sont partis en vacances. Le siège du parti, qui distribue le matériel militant, à fermé ses portes. Tout ce qui était proposé était de regarder la télévision et les réseaux sociaux, bien confortablement allongé dans son lit, avachis dans son canapé, les pieds dans le sable ou dans la piscine pour les plus chanceuxes. Et attendre. Attendre d’abord la proposition commune de Lucie Castet, puis attendre, en vain, la nomination par le Président de la République de cette dernière à la tête d’un nouveau gouvernement. Il aura fallut attendre 48 jours pour que la FI propose une riposte, une procédure de destitution. Mais cette proposition nous invite encore à attendre. À attendre les signature de la pétition lancée pour « demander aux députés et sénateur de voter en faveur de cette démarche », à attendre le vote à l’Assemblée Nationale de la proposition de réunion du Parlement en Haute Cour, comme le veut l’article 68 de la Constitution de la Vème République, qui, de toute évidence, puisque le NFP, voire La FI est seule à représenter une opposition réelle au camps présidentiel, n’avait déjà aucune chance d’être adoptée, et qui, désormais qu’un Premier Ministre a été nommé, contredisant une des raisons données pour la procédure, a perdu son sens et sa légitimité.

Heureusement, l’Union Étudiante appelle le 27 Août à une grande manifestation le 7 Septembre, pourriez-vous vous soulager. D’ailleurs les acteurs du NFP ont rejoint cet appel et ce sont environs 150 manifestation qui se sont programmées à cette date. C’est la rentrée sociale ! Mais les militants, les sympathisants ne sont pas des pions mobilisables à la demande quelque soient les circonstances. Après un été d’inaction, ou rien n’a été préparé, ou la colère à eu le temps de décanter pour se transformer en résignation, même si les marches de Samedi 7 Septembre font des chiffres qui impressionnent, ce dont il est acceptable de douter, elles resteront des marches, sages, inutiles. Oh oui, il y aura quelques casses à Paris, la routine. Mais pas d’insurrection, pas de révolte. Or, lorsque, dans le discours, on évoque le champ lexical du coup d’État, la moindre des chose seraient que soit organisé, sérieusement, sur le terrain, la reprise du pouvoir. Où alors on ne l’évoque pas. Parce que parler de coup d’État et répondre par des procédure institutionnelles vaine et une seule manifestation, un samedi, sans appel à la grève ou autre moyen d’entraver la bourgeoisie, cela transmet à la population l’idée qu’en réalité, nous somme faibles, impuissants, que les dirigeants font bien ce qu’ils veulent et que rien ne les arrêtera.

Pour résumer, la Gauche sociale-démocrate a décidé de jouer « à la loyale » avec les institutions et les modes d’actions traditionnels (et inefficaces) contre un pouvoir qu’elle désigne elle-même comme déloyale, agissant contre la Constitution et les usages. Autrement dit, le légalisme est, pour la Gauche sociale-démocrate, plus important que la défense de La République, de la « démocratie » – des enjeux qui devraient mobiliser les plus radicales de nos actions.

Un grave mensonge.

Le NFP persiste dans son discours à se désigner vainqueur des élections législatives et légitime à gouverner. Mais ce discours mensonger, accompagné par sa stratégie institutionnelle, à des conséquence sur le mouvement social à court comme à long termes.

En faisant croire à une victoire volée, le NFP donne un message dangereux à la population : gagner ne sert à rien. Effectivement, si nous avions gagné et que le pouvoir se droitisait en conséquence, nous pourrions avoir cette conclusion. Or, nous n’avons pas gagné. Quelques soient les raisons de cette stratégie mensongère, elle aura pour conséquence de plonger toustes les sympathisant·es de la gauche dans la résignation, et dans le dégoût de la politique. Et c’est un gâchis énorme. Nous avons travaillé dur pour remobiliser des populations qui avaient abandonné la politique justement par sentiment que ça ne servait plus à rien. Et le discours du NFP les conforte dans ce sentiment. Il a été si difficile de les engager dans l’enjeu politique qu’était celui de repousser le FN du pouvoir, mais ce n’était rien contre ce que ce sera pour les prochaines campagnes électorales et les prochains enjeu sociaux. Les grèves seront plus difficiles, les manifestations moins nombreuses, les abstentionnistes plus nombreux.

Si la sociale-démocratie s’est, semble-t-il, tirée une balle dans le pied pour ses prochaines échéances électorales avec sa stratégie mensongère, les voix radicales et révolutionnaires seront d’autant plus affectées. Car la sociale-démocratie peut présenter l’avantage de rapporter de légères victoire, légère mais porteuses d’espoir et capable de radicaliser la population et lui permettre d’entendre les discours des organisation radicales et révolutionnaires (pensons aux Nouveaux Partis Anticapitalistes (NPA), à l’Union Communiste Trotskyste (LO), l’Union Communiste Libertaire (UCL),  etc…). Et la déception de cette stratégie mensongère n’apportant aucun horizon d’espoir, la trahisons ne fera pas de radicalisation. Nous, Radicaux et Révolutionnaires, en prenons donc un coup également.

Que faire maintenant ?

Ce billet de blog n’apporte pas de solution mais il est important que dans nos organisations, nous prenions acte de la situation actuelle de La Gauche, comme un tout, pour décider de nos stratégie à venir afin d’aller contre le désengagement que nous promet la stratégie du NFP.

Pour autant, profitons de la mobilisation de Samedi 7 Septembre pour parler aux sympathisant·es, essayer de les engager dans nos organisations, leur faire entendre des voix radicales et révolutionnaires. Avec des tracts, en prenant les micros, ou simplement en discutant. À court terme, nous n’avons pas mieux à faire. Dans nos entreprises, essayons de mobiliser la grève. Iels veulent le programme du NFP ? Qu’iels fassent grève jusqu’à son application. Essayons de nourrir le faible espoir d’une grève générale par le bas, et le soutien du NFP dans cette démarche.

Mais tout ça, et bien autres choses, ça ne se fera que par la démocratie populaire ou prolétaire (selon votre analyse). N’attendons plus rien du NFP, de la France Insoumise, mais appliquons le conseil du vieux : n’attendons pas les consignes !


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