Législatives 2024 : L’extrême-droitisation bourgeoise


L’échec du Nouveau Front Populaire.

Lundi 08 Juillet, 01H28 du Matin, dernière mise à jour des résultats du second tour des élections législatives anticipée de 2024. La coalition du Nouveau Front Populaire(NFP) et autres élus de gauche prennent 195 sièges, 40 de plus qu’en 2022 et représente le plus grand groupe de l’Assemblée Nationale. La coalition présidentielle Ensemble(EM), si on les associe aux centristes, porteront 174 voix, 77 de moins. Les (soi-disant) Républicains (LR) et autres candidats de droite traditionnelle totalisent 60 sièges, 13 de perdus. Le Rassemblement National(RN) et ses alliances seront 143, soit 52 de plus.

À 20H, les Mélenchon, Ruffin, Tondelier, Faure, Roussel, ainsi que le NPA-B, nous vendent la victoire du Nouveau Front Populaire et sa capacité à gouverner. Ce discours se base sur une vision de l’Assemblée Nationale en trois groupes : la Gauche, représentée par le NFP ; La Droite, représentée par la coalition présidentielle EM et LR ; l’extrême Droite représentée par le RN. Ainsi, avec 195 voix contre 174, 60 et 143, le NFP est en haut du podium et devrait recevoir comme trophée un Premier Ministre.

Mais ce n’est pas ainsi que fonctionne la nomination du Premier Ministre. Ce dernier est nommé par le Président de la République mais peut-être destitué par un vote de l’Assemblée Nationale, la Motion de Censure. Pour pouvoir avoir un gouvernement fonctionnel, Le Président de la République doit donc nommer un Premier Ministre qui soit capable de convaincre au moins 289 Député·es sur 577 de ne pas voter sa censure.

Le NFP est-il capable de proposer un Premier Ministre capable de gouverner ? Mélenchon par exemple. Qui aurait-il contre lui ? Ensemble, LR, le RN. Marine Tondelier ? De même. Roussel ? à moins qu’il ne trahisse le NFP pour gouverner comme un Manuel Valss, même conclusion. L’ironie de l’Histoire pourrait nous donner François Hollande comme Premier Ministre d’Emmanuel Macron, ce serait l’hypothèse la plus vraisemblable. Alors qu’un Premier Ministre EM, ou LR, qui s’y opposerait ? Il est difficile de croire que le RN soit une opposition crédible au vu de son mandat de 2022. Autrement dit, un Premier Ministre de Droite conviendrait à toutes les Droites, malgré leurs petits désaccords mineurs. Il faut observer l’Assemblée Nationale autrement. Il n’y a pas trois pôles. Il y en a deux. Celui des Gauches, alliés par le NFP, 195 voix ; et celui des Droites, de Ensemble au Rassemblement National. 377 voix. Ce bloc des Droites est cohérent car il est, premièrement capitaliste, secondement conservateur. À des nuances différentes, certes, mais presque plus subtiles que celles qu’on observe entre un Manuel Bombard et un Raphaël Glucksmann. Les Droites sauront s’entendre pour gouverner ensemble contre le peuple et la démocratie, contre les travailleureuses, contre les pauvres et les précaires, contre les racisé·es, contre les femmes, contre les déviant·es sexuel·les. Ce n’est pas la chute du camp Macroniste qu’il faut voir, c’est l’extrême droitisation du bloc bourgeois dont Macron est la tête.

Ainsi, non seulement aucune mesure du contrat de législature du Nouveau Front Populaire n’est capable de réunir une majorité, et donc, d’être adoptée ; Aucun Premier Ministre issue de la Gauche ne serait capable de gouverner sans être destitué par une motion de censure voté par toutes les droites ; mais en plus, et surtout, le gouvernement sera une coalition des Droites débordant sur son extrême et, alors, nous auront à faire face à un durcissement des politiques poussées par l’alliance avec le RN. Ce constat est alarmant et doit être considéré sérieusement.

Les pédales n’ont pas à ce réjouir. Nos droits vont être remis en cause. La sécurité de nos personnes et de nos lieux sera affaiblie. Notre liberté sera attaquée. Plus fort encore que précédemment.

Anticiper les prochaines échéances.

Face à cette perspective de nouvelle étape dans l’extrême-droitisation du bloc bourgeois, nous devons nous tenir prêt·es à riposter en utilisant tous les outils qui sont à notre disposition. Si une perspective révolutionnaire prochaine est, de toutes évidences, invraisemblable, nous pouvons espérer, par nos actions, construire un rapport de force suffisant pour entraver le pouvoir. Mais ce rapport de force ne peut se construire sans convaincre. Convaincre la population prolétaire, qu’elle ai voté à gauche, à droite, à l’extrême droite, ou pas du tout. Convaincre de la nécessité de défendre nos intérêts de Classe, de l’intérêt, de la force et de la cohérence d’une union politique de Classe, de la viabilité, de la lucidité, de la vraisemblance, de la légitimité de nos revendications sociales. Et pour convaincre, il va falloir occuper le terrain.

L’enthousiasme qu’a suscité la campagne électorale expresse des élections législatives anticipée de 2024 doit être entretenu. Toutes les organisation politique ont pour mission tacite de maintenir mobilisées les nouvelles et habituelles forces militantes qui ont travaillé le terrain. Il n’y a aucune excuse valable pour que nous abandonnions les territoires et leurs populations. La Gauche, comme grande famille, doit être présente au quotidien. Informer. Vulgariser. Former. Créer du lien, du réseau, de la solidarité, du sens, de l’espoir et une perspective, celle d’un monde favorable aux Prolétariat et Lumpenprolétariat.

Au delà de travailler le rapport de force pour une future révolution, ce travail de terrain nous est essentiel pour faire avancer La Gauche dans la société, construire un rapport de force qui permettra, si nos mobilisation répondent à l’appel, de gratter quelques revendications aux prochaines échéances institutionnelles. Nous avons certes des volonté révolutionnaires, mais la révolution ne se construit pas sous le fascisme. Elle ne peut être envisagée sans un rapport de force important depuis les franges les plus radicales jusqu’aux organisations institutionnelles. Nous, communistes et surtout anarchistes, contrairement à notre désintéressement habituel de la politique électoraliste et institutionnelle, nous devons nous investir dans toutes les batailles pour faire avancer La Gauche, pour faire avancer nos idées.

Ce travail du terrain doit se faire avec, en tête, les élections municipales de 2026, Les élections Présidentielles et Législatives de 2027, mais également la possibilité d’une nouvelle dissolution dans un an. La gauche institutionnelle, et ses composantes les plus « radicales » notamment, doivent gagner du terrain chaque fois un peu plus jusqu’à une victoire institutionnelle qui nous permettra, nous, réels radicaux, d’entrer en jeu pour que soient satisfaites nos revendications, pour que soit mis en échec la bourgeoisie et son aile fasciste.

Rendez-vous sur le terrain.


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